- 834 – Alphonse II, roi des Asturies, part d’Oviedo pour Santiago. Ce premier chemin de pèlerinage est aujourd’hui dénommé « Camino primitivo», ou Chemin primitif).
- 950-951 – l’Evêque Godescalc effectue le pèlerinage à partir du Puy-en-Velay
- Grâce à la volonté des évêques successifs de Saint-Jacques de Compostelle (et, au premier chef, Diego Gelmirez), le pèlerinage allait rapidement s’organiser. Tout au long de l’itinéraire qui deviendra le Camino francés, de nouvelles villes naissent autour des ponts qui permettent de franchir les cours d’eau, et des abbayes et hôpitaux qui accueillent les pèlerins.
Le pèlerinage atteint son apogée aux XII et XIIIème siècles.
C’est également de cette époque (vers 1150) que date le Codex Calixtinus, recueil de textes consacrés à saint Jacques le Majeur et à son pèlerinage, dont le cinquième livre, le Guide du pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle, sera considéré comme l’ancêtre des guides de voyage. Il décrit notamment les quatre grandes voies françaises (au départ de Tours, Vézelay, Le Puy-en-Velay et Saint-Gilles), ainsi que les étapes espagnoles.
On ne peut que recommander la lecture du livre de Bernard Gicquel – La légende de Compostelle, seule traduction intégrale en français du codex (Bernard Gicquel était enseignant à l’Université du Maine au Mans)
En suivant les itinéraires décrits, et bien d’autres qui ne laisseront pas de trace dans l’histoire (car le pèlerin, faut-il le rappeler, partait de chez lui), des milliers d’hommes et de femmes, de toutes conditions, se dirigent, à pied ou à cheval, vers le tombeau de l’apôtre.
Au XVIe siècle, de vives critiques à l’encontre du pèlerinage commencent à se faire entendre. Les philosophes humanistes, tel Erasme, dénoncent les superstitions et les abus qui lui sont attachés. Luther renchérira en mettant en doute l’authenticité des reliques de l’apôtre et conclura : « Laisse donc tomber et n’y va pas. Laisse-y voyager celui qui le voudra mais toi, reste chez toi. »
Étonnamment, les hommes d’Église de la Contre-Réforme catholique abonderont en ce sens, vantant la supériorité du pèlerinage spirituel sur la pérégrination terrestre. La philosophie rationaliste des Lumières allait achever de rendre cette pratique suspecte.
Au début du XIXe siècle, de nouvelles formes de dévotion, notamment mariale, entreront en concurrence avec le pèlerinage de Compostelle. Le 25 juillet 1867, une quarantaine de pèlerins seulement se retrouvent à Saint-Jacques pour la fête de l’apôtre.
En 1900, Mgr Duchesne porte le coup de grâce au culte de saint Jacques, en remettant en cause non seulement son apostolat en Espagne mais aussi, à l’instar de Luther, l’authenticité des reliques vénérées à Compostelle pourtant reconnue par le pape Léon XIII .
Pourtant, la « redécouverte des reliques » en 1879, puis leur authentification en 1884, relance l’idée de pèlerinage. Ce renouveau démarre au milieu du xxe siècle avec la fondation de la Société des amis de Saint-Jacques-de-Compostelle en 1950, à l’occasion du millénaire du pèlerinage de l’évêque du Puy. En 1965, la ville de Santiago accueille 2,5 millions de visiteurs/pèlerins. En 1982, Jean-Paul II vient en pèlerin à Compostelle et lance un appel à l’Europe à « retrouver les valeurs authentiques qui couvrirent de gloire son histoire ». En 1987, le Conseil de l’Europe déclare les chemins de Saint-Jacques « premier itinéraire culturel européen ». En 1993, le Camino frances est classé Patrimoine mondial de l’UNESCO. En 1989, Jean-Paul II revient à Compostelle pour les quatrième journées mondiales de la jeunesse. Si l’on compte 619 pèlerins en 1985, ils sont presque dix fois plus en 1989 (5 760). En 2010, on dépasse les 200 000 pèlerins, et plus de 300 000 en 2017.
Pour aller plus loin, de très nombreux ouvrages, dont des travaux d’historiens, sont disponibles ; (cf bibliographie sur ce site).